JAIM22: IVA ŠINTIĆ - Rue de la Synagogue​​​​​​​
La mémoire d'un mouvement // partie 3
Inspirée par les processus industriels et guidée par les écrits philosophiques de Vilém Flusser , j’ai créé une série de dessins qui explore la relation entre l'homme et son outil dans un environnement de production. Afin de mener à bien ce projet, j’ai visité plusieurs usines pour faire mes recherches sur ce thème majeur dans l’industrie d’aujourd’hui. Grâce à cette immersion, j’ai pu capturer les moments d'interaction entre les deux acteurs de cette chorégraphie (à savoir l’ouvrier et la machine).  À travers mes dessins, j'essaie de dépeindre ce que cela signifie pour le travailleur de passer d'un simple outil manuel à une installation complexe, où le mouvement est dirigé par la conception de l'outil et le savoir s’inscrit dans la mémoire de ses muscles. Les images présentées sont le résultat de mes visites dans les usines.
Les dessins, gravés au laser sur un support en verre sur lequel est projetée de la lumière, donnent vie à cette chorégraphie 4.0
''L'usine du futur cessera d'être une maison de fous et deviendra un lieu où le potentiel créatif de l'homo faber s'exprimera pleinement.''
 V.Flusser, The shape of things, Reaktion books 1999, p.46
En visitant l'espace du petit Manchester, je découvre ce que Vilém Flusser appelle les usines du futur : un mélange d'éducation et de production. C'est un lieu où l'éducation, l'innovation et la production ont la même valeur et cela devient clair : l'ouvrier d'usine ne peut pas se contenter d’être seulement un ouvrier - il doit devenir un inventeur, un designer, un étudiant et un enseignant. Flusser nous prévient que ''L'usine du futur (...) deviendra un lieu où le potentiel créatif de l'homo faber prendra tout son sens.'' (Flusser, 46), Ce lieu en est l'exemple. 
La Petite Manchester est une école-fabrique qui intègre l'évolution du monde dans son processus éducatif. Ils expérimentent, prototypent, produisent à partir de la récupération des chutes textiles industrielles du territoire.
En visitant La Petite Manchester, j'ai voyagé dans le passé. J'ai grandi à côté de l'usine de couture que ma mère a tenue pendant 30 ans. Souvent, après que les ouvriers aient quitté l'atelier, je me faufilais et j'utilisais les machines. Maintenant, loin des équipements industriels, lorsque je travaille parfois sur ma petite machine à coudre domestique, je retrouve les gestes fantômes propres à l’utilisation du mouvement des machines de l’usine encore gravées dans ma mémoire.
Dans les dessins présentés, l'action des muscles se répète, se précise dans une chorégraphie sans cesse perfectionné, au fur et a mesure le geste se grave dans la mémoire de l'ouvrier.

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